Il y a, d’après moi 5 choses à connaître sur la création de pochoir, j’aimerais les passer en revue avec vous aujourd’hui. Cet article fait suite à celui sur les bases du pochoir que j’ai écrits il y a quelques mois.
Cette discipline est libre mais si vous voulez vous facilité la vie dans vos début, cet article est pour vous.
1 La différence entre single layer et poly layers
Il existe deux approches pour créer des portraits au pochoir.
Single layer
La première approche est le monochrome, également connue sous le nom de « single-layer ».
Dans cette approche, la peinture est réalisée à l’aide d’un seul pochoir. Cela permet de créer un visuel stylisé, graphique et très contrasté. Cette technique est très efficace et donne beaucoup d’impact au sujet. Elle est largement utilisée dans le street art et est l’une des techniques de prédilection de l’artiste Banksy. Comme lui, il est possible d’ajouter des effets d’ombrage manuellement après la création du pochoir pour ajouter de la profondeur au portrait.
Poly layers
La seconde approche, appelée multicouches (ou poly-layers), consiste à superposer des couches de peinture à l’aide de différents pochoirs et de nuances de couleurs variées. Cette technique vise à obtenir plusieurs niveaux d’ombres et de lumières, ce qui produit un rendu plus réaliste et un effet photographique. En multipliant le nombre de couches (et donc de pochoirs), on peut parvenir à un effet de plus en plus photographique et à un niveau de détail de plus en plus élevé.
Cependant, cette technique nécessite quelques connaissances de base en imprimerie pour bien placer les pochoirs et éviter les décalages qui pourraient altérer le résultat final.
2 le pontage
Le pontage visible
J’en ai déjà parlé dans mon article sur les bases du pochoir donc je ne vais pas le refaire ici.
Je voudrais juste vous rappeler que pour qu’une oeuvre soit suffisamment lisible il ne faut pas faire trop de ponts et il faut qu’ils soient les plus fins possible. Il faut trouver le bon équilibre entre lisibilité et solidité du pochoir.
Le pontage invisible
Lorsque l’on utilise des pochoirs multicouches pour créer un portrait, il est essentiel de veiller à ce que les transitions entre les couches ne soient pas évidentes. Les lignes de séparation entre les différentes nuances de couleur doivent être dissimulées dans le pochoir pour ne pas être apparentes. Pour y parvenir, il est nécessaire de rendre ces transitions plus organiques et irrégulières que celles utilisées pour le lettrage ou les formes géométriques. L’objectif est d’obtenir un rendu fluide et réaliste qui crée l’illusion de la continuité dans le portrait.
Idéalement, les détails et les nuances des pochoirs multicouches devraient être une partie intégrante de l’œuvre. Par conséquent, il est recommandé de les disposer de manière stratégique et réfléchie dans le portrait, comme illustré dans l’image ci-dessus. En intégrant ces éléments de manière réfléchie, on peut créer un effet réaliste tout en préservant l’esthétique globale de l’œuvre. Cela requiert une planification minutieuse et une compréhension des subtilités de la technique.
3 Travailler sans ponts
Il existe une méthode de travail qui permet de supprimer complètement l’utilisation de ponts dans une œuvre au pochoir. Cela peut être utile lorsque l’on souhaite éviter l’effet “pochoir” et obtenir un rendu plus fluide et réaliste. Cette technique nécessite de superposer davantage de couches de pochoirs et de décomposer le visuel en de multiples couches qui seront appliquées dans un ordre précis.
Pour simplifier ce processus, il est possible de définir plusieurs couleurs sur un seul pochoir, ce qui permet de réduire le nombre de couches nécessaires pour obtenir différentes nuances. Cette approche exige une planification minutieuse et une bonne maîtrise de la superposition des couches pour obtenir le résultat souhaité.
Dans l’exemple de la découpe d’une lettre, prenons le cas d’un “A” comme illustration. L’idée est de procéder en deux étapes distinctes. Dans le premier passage, on découpe l’extérieur de la lettre “A”. À ce stade, le “A” n’a pas encore son triangle central.
Il est nécessaire de faire un second passage pour ajouter le triangle central, qui doit être de la même couleur que le fond. Cette méthode peut poser un problème si l’on n’a pas déjà appliqué une couleur de fond. Il est donc important de planifier la création du pochoir en fonction des couleurs et des couches nécessaires pour obtenir le résultat souhaité.
De manière plus complexe on peut appliquer ce principe à un portrait , prenons l’exemple d’un œil, nous avons Deux possibilités:
-soit on crée un passage tout en noir et puis un second passage pour le blanc de l’œil et on en profite pour ajouter quelques effets de lumière tout autour
-soit on a déjà le blanc des yeux et on passe une fois avec une partie des noirs. Puis on passe alors une deuxième fois avec l’autre partie des noirs.
Dans la plupart des cas, il est préférable de privilégier la première option, car elle est plus propre. En effet, la deuxième méthode présente le désavantage de créer des superpositions de couches qui peuvent être visibles une fois la peinture séchée. De plus, les risques de décalage entre les couches sont plus élevés avec cette approche.
4 L’orde des pochoirs
Avant de poursuivre, il est essentiel d’aborder un aspect qui peut avoir un impact significatif sur le rendu d’une œuvre : la distinction entre le positif et le négatif dans le traitement des pochoirs. Cela implique de décider si l’on souhaite ajouter de la lumière sur un fond sombre ou ajouter de l’ombre sur un fond clair. Ce choix influencera la façon dont l’œuvre finale sera perçue et interprétée.
Positif
C’est sans doute la méthode préférée de beaucoup de pochoiristes, même si elle nécessite parfois l’usage d’un ou deux pochoirs en plus pour les finitions.
La méthode du positif. Également appelée approche classique, consiste à commencer avec un fond clair et lumineux, tel que le blanc, et à intervenir avec une couleur plus sombre, comme le noir. Par exemple, si l’objectif est de représenter un visage sur un fond blanc, il faudra découper un pochoir dont les ouvertures serviront à peindre les zones d’ombre ou les parties sombres du visage. Les découpes du pochoir correspondent en réalité à toutes les zones sombres que l’on souhaite reproduire dans l’œuvre, comme illustré dans l’image ci-dessus. Cette méthode permet de créer des œuvres avec un contraste frappant entre les zones sombres et le fond clair.
Négatif
À l’inverse de l’approche en positif, la méthode en négatif consiste à partir d’un fond sombre (comme le noir) et d’intervenir avec une couleur plus claire (comme le blanc). Par exemple, si l’objectif est de créer une œuvre sur un fond noir, les découpes du pochoir correspondent aux zones claires que l’on souhaite peindre sur ce fond sombre. Cette approche crée un effet de contraste inverse par rapport à la méthode en positif et permet de réaliser des œuvres où les éléments clairs ressortent sur un fond foncé.
Imaginons maintenant que l’objectif soit de représenter le même visage à partir de la même photo, mais cette fois-ci sur un fond noir pour donner un effet plus dramatique, par exemple. Dans ce cas, il faudra découper un pochoir dont les ouvertures serviront à peindre les zones de lumière ou les zones claires. Les découpes correspondent à toutes les zones blanches que l’on souhaite reproduire dans l’œuvre, comme illustré sur l’image ci-contre. Cette méthode permet de créer des œuvres où les éléments clairs ressortent sur un fond sombre, créant un effet dramatique.
Les deux
Dans certains cas, il peut être utile de mixer les deux approches. Le positif et le négatif, dans une même œuvre pour améliorer le rendu. Par exemple, lorsque l’on souhaite créer une zone de noir qui entoure toutes les zones plus claires mais que l’on ne veut pas laisser apparaître de pontages.
Pour mieux comprendre ce processus, voici les étapes d’un portrait où cette méthode est appropriée :
Commencez par les couches les plus sombres de l’œuvre. Poursuivez en ajoutant les couches intermédiaires. Terminez par les couches les plus claires.Ensuite, repassez avec des couches de sombres à la fin pour réduire le nombre de pontages nécessaires.
Cette approche permet de créer une œuvre avec une grande précision et un contraste saisissant tout en minimisant le recours aux pontages.
5 Le cadre
Le cadre du pochoir sert de structure en encadrant celui-ci, et c’est grâce à lui que tout reste en place. Cependant, son rôle ne se limite pas à cela. Plus le cadre est large, moins le risque de faire des marques de débordement dans la scène diminue. C’est un point essentiel à prendre en compte, en particulier lorsque l’on utilise plusieurs pochoirs dans une même composition.
La peinture aérosol étant très volatile, il est difficile de ne pas laisser de traces tout autour de la zone de travail. Par conséquent, un cadre suffisamment large est nécessaire pour éviter de peindre involontairement des zones qui ne doivent pas l’être. Cela contribue à préserver la propreté et la netteté de l’œuvre finale.
Conclusion
Voilà pour aujourd’hui, j’espère que cet article vous sera utile 🙂
J’ajouterais une chose : Amusez vous… n’hésitez pas à experimenter et à trouver vos astuces et à tester.
Vous pouvez, si vous le voulez, aller jeter un œil à ma chaîne YouTube consacrée au pochoir : Le Vecteur
À bientôt
Kastor